THIERRY GAHINET - LA VIE EN CHANSONS

mercredi 24 août 2005

PREDESTINE

je me suis biensûr questionné sur le pourquoi de ce besoin d'expression par la chanson. J'aurai pu peindre comme tant de mes amis. J'aurais pu me réfugier dans le poème. Pourquoi affronter ce public en première ligne, me mettre en danger sans cesse. Pourquoi ?
Pourquoi ? Sans doute par envie d'aller au bout du possible. Arracher l'adhésion à la force de la voix qui tremble, est-ce là le confort d'une vie sans concession ?
J'aime le risque. Celui qui consiste à découvrir des iles inconnues et celui qui me pousse à m'échouer sur un rivage hostile.
Le peintre travaille seul dans son atelier. Tôt ou tard, il devra se soumettre au regard de l'autre. Dans le domaine de la chanson, la création et l'enregistrement s'assimilent bien au travail de l'atelier. Mais, comme au théâtre, le cap du public sans cesse répété est un facteur difficile mais indispensable. C'est la scène qui apprend le métier. Il me faut donc le feu continuel de la bataille, celle qui consiste à faire venir à lui le public.
Cela ne va pas sans danger. Celui de s'épuiser à lutter contre les vents contraires. Mais à l'arrache, camarade, nous aurons fait de nos vies les bastions avancées de nos solitudes !
Si la chanson est venue à moi, peu à peu, par touches successives, c'est parce que c'est le moyen qui me paraissait le plus facile pour communiquer avec les gens. C'est à l'adolescence, vers les quinze ans que j'ai écrit ma première ritournelle. Elle s'appelait "Le grand boum" et évoquait Mai 68 et l'immolation par le feu de Iann Pallak à Prague. Je ne jouais pas de guitare. J'élaborais la musique dans ma tête, au mélodica ou à l'harmonium (j'étais chez les frères des écoles chrétiennes).
(Photo : votre serviteur en 1953 ou 54 à l'âge des gazouillis)

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