THIERRY GAHINET - LA VIE EN CHANSONS

mardi 29 novembre 2005

LES BEAUX DEBUTS


En mai 1974, le jeune professeur de 21 ans que j'étais, se lançait à corps perdu dans la chanson. Depuis 3 ans je gratouillais la guitare en composant mes premières ritournelles. J'écoutais tous les vynils de chanteuses et chanteurs que je dénichais dans les bacs des disquaires de Lorient.
Je découvrais un univers qui me semblait très proche et une envie irrésistible de faire comme eux. J'éprouvais des difficultés à me confier aux autres. J'ai donc trouvé là un moyen extraordinaire de communiquer. Pouvoir coucher sur du papier des émotions et des portraits et surout les partager avec un public. Que m'importait le nombre de spectateurs. La qualité de l'écoute et la reconnaissance me semblaient essentielles.
Mon premier public. Je l'ai trouvé devant les pensionnaires d'une maison de retraite, face aux S. D.F du foyer Saint-François, même chez les petites soeurs des pauvres. Mes premières chansons s'imprégnaient de l'univers catholique que je venais de quitter, mêlées du sentiment de révolte et de contestation propre à un grand adolescent de vingt ans.
Mon premier vrai spectacle, c'était à la salle des fêtes de Pluneret. Mais je faisais équipe avec ma soeur Marie-Paule et Thierry Le Garrec à la guitare douze cordes, s'il vous plait. Ce qui nous faisait dix huit cordes et deux voix pour s'attaquer à notre répertoire fait de chansons sorties des tripes, même si la technique n'était pas tout à fait au rendez-vous. "Le grand port d'Haiphong", sur le refus de la guerre du Vietnam, "Vivre c'est aimer", constituaient mes premières compositions. On n'avait aucun scrupule tous les trois pour nous propulser ainsi au devant de la scène. La salle pleine à craquer nous réserva un accueil émouvant et chaleureux. Nous faisions une première partie, celle d'un groupe de Vannes "Les Albatros".
Et puis cette soirée nous amena d'autres contrats, notamment quatre samedis dans un village vacances, au château de feu la comtesse de Ségur toujours à Pluneret. On s'était même improvisé un costume de scène, chemises blanches en toile de jute. En plus de nos compositions, on interprétait du Jehan Jonas : "Mentalité française" et "Flic de Paris". Et puis il fallut faire nos photos pour la presse et constituer le fameux "press-book", avec nos premiers articles élogieux. Et puis on a trouvé un nom, le trio de Locmiquélic "Vivre", pas très original mais nous l'avions choisi ainsi.
Coup de chance, voila qu'on nous propose pour l'été 8 jours de tournée sous chapiteau avec l'association socio- culturelle du Morbihan. Attendez je vais retrouver l'affiche. Carolyn, chanteuse de folk américain, un groupe de charmantes jeunes filles de danse moderne, et nous. Quelle aventure ! nous circulions dans un vieux car tout pourri, serré de près par la fourgonnette qui transportait le matériel. Ce n'était pas de tout repos. Démonter, remonter le chapiteau, se produire sur scène à Pluvigner, Ménéac, Lisio, Sarzeau, Auray, Locqueltas et Le Magouer. Nous avons fait ce printemps et cet été là notre baptème de la scène et la rencontre tant attendue avec le public.
En septembre j'allais voler quelque temps de mes propres ailes, avant de m'accoquiner avec des musiciens.
(Photo : Travail en solitaire de Thierry Gahinet)

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