THIERRY GAHINET - LA VIE EN CHANSONS

mardi 29 novembre 2005

LES BEAUX DEBUTS


En mai 1974, le jeune professeur de 21 ans que j'étais, se lançait à corps perdu dans la chanson. Depuis 3 ans je gratouillais la guitare en composant mes premières ritournelles. J'écoutais tous les vynils de chanteuses et chanteurs que je dénichais dans les bacs des disquaires de Lorient.
Je découvrais un univers qui me semblait très proche et une envie irrésistible de faire comme eux. J'éprouvais des difficultés à me confier aux autres. J'ai donc trouvé là un moyen extraordinaire de communiquer. Pouvoir coucher sur du papier des émotions et des portraits et surout les partager avec un public. Que m'importait le nombre de spectateurs. La qualité de l'écoute et la reconnaissance me semblaient essentielles.
Mon premier public. Je l'ai trouvé devant les pensionnaires d'une maison de retraite, face aux S. D.F du foyer Saint-François, même chez les petites soeurs des pauvres. Mes premières chansons s'imprégnaient de l'univers catholique que je venais de quitter, mêlées du sentiment de révolte et de contestation propre à un grand adolescent de vingt ans.
Mon premier vrai spectacle, c'était à la salle des fêtes de Pluneret. Mais je faisais équipe avec ma soeur Marie-Paule et Thierry Le Garrec à la guitare douze cordes, s'il vous plait. Ce qui nous faisait dix huit cordes et deux voix pour s'attaquer à notre répertoire fait de chansons sorties des tripes, même si la technique n'était pas tout à fait au rendez-vous. "Le grand port d'Haiphong", sur le refus de la guerre du Vietnam, "Vivre c'est aimer", constituaient mes premières compositions. On n'avait aucun scrupule tous les trois pour nous propulser ainsi au devant de la scène. La salle pleine à craquer nous réserva un accueil émouvant et chaleureux. Nous faisions une première partie, celle d'un groupe de Vannes "Les Albatros".
Et puis cette soirée nous amena d'autres contrats, notamment quatre samedis dans un village vacances, au château de feu la comtesse de Ségur toujours à Pluneret. On s'était même improvisé un costume de scène, chemises blanches en toile de jute. En plus de nos compositions, on interprétait du Jehan Jonas : "Mentalité française" et "Flic de Paris". Et puis il fallut faire nos photos pour la presse et constituer le fameux "press-book", avec nos premiers articles élogieux. Et puis on a trouvé un nom, le trio de Locmiquélic "Vivre", pas très original mais nous l'avions choisi ainsi.
Coup de chance, voila qu'on nous propose pour l'été 8 jours de tournée sous chapiteau avec l'association socio- culturelle du Morbihan. Attendez je vais retrouver l'affiche. Carolyn, chanteuse de folk américain, un groupe de charmantes jeunes filles de danse moderne, et nous. Quelle aventure ! nous circulions dans un vieux car tout pourri, serré de près par la fourgonnette qui transportait le matériel. Ce n'était pas de tout repos. Démonter, remonter le chapiteau, se produire sur scène à Pluvigner, Ménéac, Lisio, Sarzeau, Auray, Locqueltas et Le Magouer. Nous avons fait ce printemps et cet été là notre baptème de la scène et la rencontre tant attendue avec le public.
En septembre j'allais voler quelque temps de mes propres ailes, avant de m'accoquiner avec des musiciens.
(Photo : Travail en solitaire de Thierry Gahinet)

45 TOURS ET PUIS S'EN VONT


J'ai beaucoup tourné en 75 et 76, de cabarets en écoles en passant par les maisons pour tous. Radio Armorique m'invita pour des émissions de radio avec Christian Rolland et Maette Chantrel. C'est là que Robert Duplessis, technicien au studio de Radio Vannes, me proposa d'enregistrer 4 chansons pour un super 45 tours 4 titres. Je travaillai donc avec Michel Baury, excellent guitariste, "Miroir", "Pétro-économique", "Chez Fernand" et "Boites de nuit". Il fallait que ce soit très carré car nous avions un samedi après-midi pour mettre le tout dans la boite. C'est ce qui fut réalisé. "Tu ne fais pas mention sur le disque que l'enregistrement à été réalisé dans les studios d'une radio publique", me dit Robert.
Restait à trouver une maison de disques pour fabriquer les disques. Ce fut MF Productions à Montreuil. C'était bien sûr de l'auto-production pure et je dus financer tout le projet.
C'est ainsi que plusieurs cartons de 1000 disques me furent livrés un beau matin. J'eus quelques frissons d'inquiétude en contemplant les piles de 45 tours stockés dans ma chambre.
Mais rassurez vous .... En deux ans, je réussis à les vendre en totalité. Radio Armorique me programma régulièrement et je fis quelques gros coups, comme ce délégué syndical de la CGT qui m'en acheta 30 alors que j'étais venu chanter bénévolement pour les salariés d'une usine en grève à Fougères.
Et puis cà se vendait très bien dans les soirées. "Chanson pétro-économique" eut un bon succès. J'avais utilisé mes connaissances de l'économie pour dresser un portrait énergétique de la planète devant les défis pétroliers et nucléaires qui se présentaient à elle. Quelques années plus tard, je chantai plusieurs fois à Plogoff et devant des dizaines de milliers de manifestants.
Je signe aussi les paroles d'un cantique pour le groupe d'animation liturgique "Disul" sous le titre "Dans ta paix Marie". L'enregistrement est réalisé aux studios "Ar Folk" de Lorient.
(Photo: Soirée au Foyer du Jeune Travailleur de Quimper en 1976)

lundi 28 novembre 2005

MILITAIRE EN CHANSONS


Je fis mon service militaire dans la marine et plus précisément à la base aéronavale de Lann Bihoué. Ce séjour dans les ordres militaires commenca mal car l'adjudant-formateur brisa ma guitare (pas de preuves, mais de fortes présomptions), craignant sans doute que mes textes ne perturbent l'ordre public. J'en achetai une autre, de qualité moyenne, et je fus affecté comme chauffeur à la tour de contrôle. J'avais un fervent public avec les camarades de chambrées et ceux des chambrées voisines. J'y rencontré Pierre-Jean Barthier avec qui je composai "Voyage à en perdre le Nord" un dimanche après midi.
Au foyer mes chansons passaient à la radio France Armorique. Côté chance voici qu'un nouveau maitre principal arriva dans mon service pour nous commander. Il aimait mes chansons et m'organisait des soirées au foyer de la base, au cercle des officiers mariniers, chez lui à Quéven.
Dans le même temps je multipliais les soirées à droite et à gauche. Je fis même la première partie de Georges Chelon à Bégard. Le cabaret me plaisait de plus en plus. Je me souviens du "Pressoir" à Saint Avé où nous passions trois soirs d'affilé. J'y fis la première partie des "Aventuriers" et de "Hélène et Jean François". Le patron toujours entre deux eaux connaissait tout le répertoire de Bobby Lapointe et j'y croisai même son vieux copain Coluche venu dîner chez lui avec toute son équipe après un spectacle à Vannes. Je crois que c'est là qu'on apprend vraiment la façon d'appréhender le public.Diners-spectacles, les gens n'étaient pas forcément là pour vous écouter. Il fallait gagner la bataille, créer le silence et obtenir les applaudissements.
Durant cette année, j'ai écrit beaucoup de nouvelles chansons et notamment "grand-père" et "Leningrad". J'avais en effet passé 3 semaines en URSS en juillet juste avant de regangner Brest pour les classes dans la marine. La magie de Leningrad, devenu Saint Petersbourg, m'inspira cette chanson volontairement très poètique. J'ai toujours soigné beaucoup les textes, au détriment parfois de la musique. Un juste équilibre s'est bientôt imposé.
(Photo : Thierry Gahinet, marin à la base aéronavale de Lann Bihoue en 1977)

dimanche 27 novembre 2005

MOAL - PORTAL - GAHINET

1977, je travaillais enfin avec des musiciens confirmés : Jean Michel Moal à l'accordéon et aux claviers et Jacques Portal à la seconde guitare et à la voix. De nouvelles chansons biensûr comme "Recouvrance", "Ma dernière guerre" ou "Je m'envole", mais aussi la garantie d'affronter des salles plus importantes. Nous répétions chaque mercredi dans le garage de Jean Michel à Ergué-Gabéric. Nous tournions beaucoup sur le morbihan et le finistère. Deux premières parties de Gilles Servat et d'autres artistes bretons.
Ils avaient tous les deux un sens inné de l'accompagnement. José Nédélec nous sonorisait de temps en temps par simple amitié. J'ai dû m'adapter au travail d'équipe et chanter en mesure. Je continuais à démarcher pour trouver des lieux de chansons mais les contrats arrivaient maintenant régulièrement. Jean Michel m'avait fait acheter une sono chez Sévénéant à Gourin, une sono énorme sans retour qui nous soutenait du mieux qu'elle pouvait. Nous avions élu notre quartier général au bar "La calèche", près du chapeau rouge à Quimper chez Jean Yves Philippe, chanteur lui aussi et magnifique interprète de Claude Nougaro. On s'était créé là une vraie famille. Il y avait une vraie communion artistique avec d'autres artistes comme Serge Cabon, Jacques Moreau et tant d'autres. Tout cela allait aboutir sur l'enregistrement du 33 tours "Nos horizons, s'il faut les peindre". Mais ceci je le raconterai plus loin.
(Photo : En spectacle avec Jean Michel Moal à l'accordéon)

samedi 26 novembre 2005

NOS HORIZONS


1977 marque la rencontre avec les artistes travailleurs de Bretagne, et notamment avec Jean Rio et Mikael Kerne. Belle amitié jamais entamée, nous avons ensemble défendu le droit à l'expression des artistes qui partageaient leur création avec un travail régulier. Le combat est d'ailleurs toujours à mener. Nous étions une bonne équipe avec Michel Jaunault, Pop Colin, Marie Bontemps, Gérard Fleury, Bernard et Michel, Rault, Jeff Falmor et d'autres. Association, nous menions des actions diverses et des soirées collectives. Comme notre ABC "Automne Bistrots Chansons" où nous avons animé des soirées-cabarets dans des bistrots de Gâvres à Lomener en passant par Clohars Carnoët. Et puis nous avons enregistré tous les trois le disque "Nos horizons", à l'initiative de Jean, avec tous les musiciens précédemment cités plus Alain Gloaguen au piano. Nous l'avons enregistré dans la ferme que je louais à Briec de l'Odet. Jakez Bernard nous avait demandé de suspendre des couvertures sur les murs et sur le plafond. Nous l'avons réalisé, comme d'habitude, en un temps record, quatre jours exactement. Ce fut un très gros succès avec plus de trois mille disques vendus et un bon accueil par les critiques. Lucien Nicolas, le spécialiste chansons de Télérama, nous accorda 2 ff. Il était distribué par Alain Le Meur de Keltia Musique. Cela nous entraina surtout dans la valse de très bonnes soirées à trois. Un soir, à Quimperlé, Roger Lanzac, l'animateur du jeu des mille francs présentait la soirée. Vous n'avez pas de nom de groupe, nous dit-il ? Alors je vais vous appeler les "Kemper".
On se complétait à merveille. Mikael, avec sa voix chaude, profonde et ses chansons engagées ou poétiques en français et en breton; Jean, qui excellait dans les textes d'humour de Obaldia à l'abbé de Lattaignant; et moi, le plus jeune, avec le répertoire que vous savez. On se réservait une plage commune en fin de spectacle sur les "chanteurs de l'ombre" et "Estaca".
(Photo : Pochette du 33 tours "Nos horizons, s'il faut les peindre")

jeudi 24 novembre 2005

RENDEZ VOUS A L'ECLUSE


En 1981,
les radios
de pays
libèrent
les ondes.
Tout
naturel-
lement
je rejoins
la bonne
équipe de
Radio Bro
Vigoudenn
où j'assure une émission de radio sur la chanson pendant deux ans sous le nom de "Chemins de la Bohême". Le studio était situé à Menez-Kerveyen, sur la commune de Plogastel Saint Germain, studio minuscule atteant à un hangar agricole. J'y rencontre des gens passionnants et notamment Gérard Classe qui deviendra un ami très sûr. Je peux diffuser sur les ondes des chansons que personne n'entend d'ordinaire. Je tourne avec Dominique Le Guichaoua qui m'accompagne, c'est peu commun pour un chanteur, à l'accordéon diatonique. On va se produire partout avec plus ou moins de bonheur. Cabarets, écoles, hôpitaux, tout ce qui se présente nous convient. On connait ausi les galères avec le public qui ne vient pas ou l'ambiance enfumée des bars où il faut parfois oublier le bruit. Mais de belles rencontres aussi avec le public et d'autres artistes, comme Maripol ou François Budet, Louis Capart et Claude Besson.
(Photo : avec Dominique Le Guichaoua à l'accordéon lors d'une soirée à Landudal en 1981)

mardi 22 novembre 2005

BORD A BORD


Le public apporte à celui ou celle qui chante beaucoup d'atouts à son jeu. Le plaisir de "s'écouter chanter", lorsque les conditions techniques et l'attention sont là. L'adhésion aux chansons qui se manifestent par des regards, des ferveurs, des applaudissements. La certitude d''être donc reconnu par son art.
J'ai beaucoup tourné ces années-là, poussé par une énergie redoublée. Bruno Devauchelle à l'accordéon, guitare et contrebasse. Nous enchaînions nos quatre soirées au CFA de Cuzon à Quimper avec la première partie de Michèle Bernard au théâtre de la même ville. Nous vivions dans l'attente de la prochaine, rarement satisfaits, toujours en recherche d'autres frissons. L'art de dompter une salle difficile, le risque de se laisser entrainer par la l'habitude d'une chanson qui précède une autre. On apprend vite tout cela en spectacle. Il faut sans cesse tourner le tour de chant pour trouver le juste équilibre qui fera mouche avec les gens. Et les ficelles ne s'oublient pas. Tu peux t'arrêter des années, bien vite les vieux réflexes reviennent. Pour ma part il me faut essayer d'abord les deux premières chansons, puis les deux dernières. Et à partir de ces deux caps, arpenter un chemin agréable en jouant sur les contrastes, le calme après la tempête, le beau temps après la pluie.
Comme dit un certain Julos Beaucarne : "Tout est toujours à recommencer". Mais j'ajouterai que la technique et l'expérience atténuent grandement la difficulté.
J'aurais aimé connaitre la vie des tournées de 20 dates dans le mois, enchainer ville sur ville devant des publics acquis. Quelle chance pour un artiste ! J'ai choisi la voie du non-professionnalisme et je revendique les chemins de traverse. Mais combien de professionnels connaissent galères et recherchent public désespérément. En Bretagne, par bonheur beaucoup de professionnels ont leur public dans des domaines précis parfois, plus généraliste pour d'autres.
(Photo : avec Bruno Devauchelle à la contrebasse en 1982)

lundi 21 novembre 2005

KAN AR BOBL

1985,
printemps du
Kan ar Bobl.
Bien décidé à
me présenter
à deux concours,
celui de composition
en français avec "Au pays de l'indifférence"et avec "En em goll a garfenn" dans la catégorie création nouvelle en breton. Je m'étais entouré pour la circonstance d'Alain Gloaguen au piano et de Lisa Dumonteil à la seconde voix. On a eu les deux premiers prix. Mais le croirez-vous ? J'espérais une retombée médiatique importante et des propositions de spectacle. Je n'ai quasiment rien eu bien que mes prestations sur scène, notamment au cours du gala final, aient été saluées chaleureusement par la salle du palais des congrès de Lorient. Je n'étais pas un chanteur bretonnant, ni situé dans la mouvance du courant breton. Mais je ne regrette pas de chanter en breton même si je ne maîtrise pas bien la langue et son accentuation. Je le dis souvent à mes détracteurs : Ne trouvez-vous pas que Nina Simone a un charme fou quand elle chante "Ne me quitte pas". A quoi bon me coller une étiquette de ceci ou de cela. Je suis un chanteur et un artiste qui veut susciter avant tout l'émotion.
J'ai toujours préféré pour des raisons pratiques m'entourer d'un accompagnement restreint. J'aime les duos ou trios sur scène. Mais lorsque la technique est bien maîtriséé, ca vaut le coup de privilègier un univers plus riche en son. Bref, il faut souvent utiliser le manque de moyens et vivre le spectacle d'une autre façon. Je l'ai toujours dit, une soirée-cabaret et un spectacle sur scène exigent des compétences différentes. Je dirais que ce n'est pas le même métier. J'ai toujours été beaucoup plus à l'aise dans la première catégorie.
(Photo : Au Kan ar Bobl à Lorient en 1985)

dimanche 20 novembre 2005

LA BELLE EQUIPE


Début des années 1990, Mikael Kerné est parti pour Tahiti. Nous décidons de continuer l'aventure en créant un groupe autour de la chanson et de la poésie. Deux poètes Kristian Le Thuaut et Jean Rio et moi même avec Dom Le Guichaoua. Il reste de cette période quelques spectacles intéressants à Riantec, Quimper et Briec de l'Odet.
Mais il nous est difficile de trouver des soirées. On essaie de travailler la mise en scène sur les conseils éclairés d'Armel Mandart. C'est l'époque de notre rideau noir démontable et assemblé par les soins de Jean Rio par une alchimie complexe et redoutable. Bref ce rideau est notre fond de scène et notre coulisse, notre loge si vous voulez. On entre par la gauche et on sort par la droite et inversement, ou tout à gauche, ou tout à droite
C'est l'époque aussi des soirées à domicile, chez les gens. On en a fait quelques-unes. Le but avoué était de trouver des gens qui ne venaient pas forcément au spectacle, persuadés que nous saurions les toucher.
Et puis de 1994 à 2003, je me suis mis en marge de tout ce qui concernait la chanson. Il m'est arrivé de passer six mois sans même toucher mes guitares. Par bonheur je dois remercier Kristian Le Thuaut et Jean Rio de m'avoir invité de temps en temps à animer des soirées chansons-poésies . Une fois par an en moyenne. Cela m'a permis de garder un pied dans l'étrier et de garder une certaine condition physique ....
Mais je ne ressentais pas trop le manque de chansons. Parfois une émission de télévision, l'écoute d'un disque, une soirée avec les poètes, et je sentais venir le besoin de renouer avec l'acte physique de se produire. Les braises étaient là. Il suffisait d'un bon coup de vent pour enflammer mon âme.
(Photo : Dom le Guichaoua, Jean Rio, Kristian Le Thuaut, Thierry Gahinet à Briec de l'Odet en1993)

samedi 19 novembre 2005

EN ROUTE POUR DE NOUVELLES AVENTURES

Début septembre 2003, Dominique Le Guichaoua me demande de participer à la soirée du Téléthon à Plomelin. Je prépare cinq chansons et je monte sur scène devant 200 personnes. Les gens m'ont réservé une véritable ovation et pour eux j'ai eu l'envie d'enregistrer un CD. Peu de mes chansons avaient été enregistrées. Il était temps de s'y mettre. J'ai donc demandé à Jean Michel Deudon, musicien professionnel confirmé qui a travaillé avec Yverdalgue, Tonnerre de Brest de m'enregistrer et d'apporter un accompagnement musical léger derrière ma guitare à l'accordéon et aux claviers.
On a donc travaillé de février à avril à Plomodiern. On a été vraiment très complice tous les deux, même si Jean-Michel' règlé comme un métronome me reprenait sur les mesures. Il m'a d'ailleurs retaillé certaines chansons et cet expérience m'a beaucoup apporté au niveau de la technique.
Et voici ce Cd de treize titres sorti en début juin 2004. Je me suis équipé d'un petit sudio yamaha 4 pistes qui me permet de faire des enregistrements de très bonne qualité. Ainsi j'ai enregistré sur un CD 21 titres de d'autres auteurs que j'offre aux amis, guitare et voix donc très dépouillé.
(Photo : Avec Jean Michel Deudon en mars 2005 chez lui à Plomodiern)

vendredi 18 novembre 2005

BISTROTS DU PORT


2005, le groupe "Douar Mor" de Vannes a mis un de mes textes en musique qui figure sur leur dernier album "Digabestr". Une chanson que j'ai écrite pour eux sur une musique d'Armel Mandart, l'accordéoniste du groupe. J'enchaîne trois spectacles avec eux durant cette année.
Nous créons l'association "Chant libre-Kan Digor" pour fédérer nos passions. A la course en solitaire, nous associons aussi la navigation en équipage. C'est un peu la devise de l'association.
Et puis je veux graver en son numérique toutes les chansons que j'ai écrites et celles que j'interprète pour le plaisir. Jean Michel Deudon m'a justement vendu un mini studio numérique 4 pistes. Je me suis donc aménégé une pièce à la maison et je passe des jours à m'enregistrer.
Je n'ai jamais aussi été généreux en créations. Les textes et les musiques s'enchainent à un rythme que je n'avais jamais approché. Comme pour rattraper le temps perdu, comme un volcan en phase éruptive. Alors que le public me boquait souvent, je connais une joie communicative de chanter, un bonheur profond. La peur m'a quitté. Je peux enfin faire vivre mes chansons sans le doute qui souvent m'assaillait.
(Photo : Sur scène en plein air à Plescop en juin 2005)

jeudi 17 novembre 2005

JEAN MICHEL DEUDON

JEAN-MICHEL, on s'est donné le meilleur de nous_mêmes. Tu étais un cow-boy fringant, te voilà devenu une étoile filante. Tu avais de telles blessures
enfouies au fond du coeur, mon frère de clavier. J'allais chez toi à Plomodiern, dans cette maison froide, couper mes chansons avec la sensibilité de tes arrangements. Tu m'as donné tout ton talent dans ces jours de création. Je sentais ta solitude transpirer dans les murs de ton studio. Tu prenais le repos dans les élans de tes musiques.
"Un instant velours", c'est beaucoup grâce à toi. Je n'aurais pas remis le pied à l'étrier sans ta logistique et surtout sans ta complicité.
Je percevais entre tes regards et tes mots l'étendue de ta détresse. Je ne savais pas comment délier les noeuds de tes angoisses. On se retrouvait dans ces séances interminables d'enregistrement. Le jour où tu as fait les arrangements de "ronde des chapeaux" avec Solenn, c'était magique, mon grand.
En octobre 2004, tu es venu chez moi me disant :
"je veux faire un cd, veux tu m'aider". Commença alors entre nous un va et vient incessant de courriers et d'appels téléphoniques. Je t'ai envoyé jusqu'à trois courriers en ces nuits de novembre. Je t'ai écrit des textes en rafale. Tu en as retenu 4. Tu me téléphonais : J'ai une musique "écoute là, écris-moi un texte qui commencera par : A regarder la mer". Et puis un autre jour tu m'envoies un mini-disque avec la musique de cette chanson sur la course au large en solitaire. Dans la nuit, je t'ai écrit le texte. J'allais chez toi, pour suivre le long cheminement de ton cd. J'étais fier : Tu avais même créer une chanson super rigolotte avec ma complainte des bigorneaux bretons. Et puis avril arrive et tu me dis que tu ne peux plus jouer du violon. Une douleur vive à l'épaule droite t'empêche tout mouvement. Je ne prends pas cela très au sérieux et je dois me rendre à l'évidence. Un grain de beauté dans l'âme, Jean Michel, un grain de beauté comme ton coeur au plus profond de ta poitrine. Un grain de beauté pour tout rempart contre tes drames.
Et je me rappelle de cette soirée à l'auberge de Tréfeuntec, il y a une vingtaine d'années. Tu organisais les soirées. Tu m'avais invité. Et tu me dis :"Veux tu que je t'accompagne à l'hélicon?". Et je te vois débarquer du coffre de ta voiture ce beau cuivre que tu maîtrisais si bien. Tu m'a accompagné avec ton hélicon. Des trucs comme çà, il n'y avait que toi. Tu avais un grain de folie.
(Photo : Jean Michel Deudon au violon en mars 2005)

mercredi 16 novembre 2005

DE RIVE EN REVE


Mars 2005, la rencontre avec Thierry Louboutin marque une évolution et une richesse musicale. Nous n'avons pas les mêmes influences, mais la même sensiblité dans une certaine qualité de chansons. Nous nous sommes adoptés et adaptés l'un à l'autre. De cette magie, sont nées dix chansons que nous avons cossignés, moi pour le texte et Thierry pour la musique. Alors forcémént le style change. Les mélodies sont plus swinguées, rythmées, cadencées.
Quelques chansons nous tiennent particulièrement à coeur. "LE REMORQUEUR", l'histoire d'une grosse bête des mers qui nous raconte sa vie de moteurs et diesels soufflants, et "LES AMOUREUX DU TRAIN DE NUIT", le portrait de deux jeunes amoureux dans ce train qui berce leur amour. S'il faut une troisième je rajouterai "DE REVE EN RIVE" sur un texte écrit avec la complicité d'André Daviaud. Nous travaillons deux fois par semaine dans notre mini studio, chaud en été, glacial en hiver. Et puis de cette alchimie, naitra un cd qui va détonner, je l'espère.
Nous avons complété la rythmique avec l'apport batterie de Jean Pierre BOUZARD, l'homme jazzy de la New Orleans. Ca va déménager dans les chaumières avec ses battements de balais.
Armel MANDART, à l'accordéon vient apporter ses touches bleutées, ses couleurs magiques.
Il nous faut trouver le juste ton dans les accompagnements pour que la voix reste toujours bien présente, sans trahir le climat de chaque chanson.
Et puis est venu Michelle Padellec, avec qui j'ai partagé mes premiers émois en chansons, qui est devenu une chanteuse reconnue au Vénézuéla avant de venir enregistrer un tres beau CD aux accents latino, ici en France. Des doubles voix, des nuages d'azur sur ma voix, ele m'a en plus fait ressentir la voix posée, moins heurtée, plus fluide.
Et j'oubliais Dominique Le Guichaoua, accordeonniste et biniou kozh du groupe Dremmwell, qui vient poser sa flute irlandaise et ses accords subtils d'accordéon sur quelques titres.
Un an et demi de fiévreux travail pour aboutir à cette quinzaine de nouveaux titres.
(Photo : avec Thierry Louboutin en 2005 avant de rentrer en scène)

DES TROIS AMIS A "CHAL HA DICHAL"



Curieuse aventure durant cette année 2007 par la rencontre sur internet de la chanteuse Jackie Roumagnac. Au fil de nos conversations, je lui propose de mettre en mélodie des textes un peu à part dans mon écriture, moins ancrés sur la Bretagne et la mer. Le mélange de nos sensibilités prend bien et 13 chansons naissent ainsi de cette alchimie. Elle m'envoie les chansons arrangées et il ne me reste plus qu'à placer ma voix.
Le titre de l'album "Les trois amis" m'a été soufflé par une toile de Maryvonne Le Thuault qui, du coup, illustre la pochette recto. En voyant ces trois marins copains sur la toile, j'ai pensé à ces vieux des bistrots du port de Port-Louis et j'ai imaginé le trio inséparable forcément séparé dans la dernière strophe. C'est tout un album de nostalgies mais j'aime ainsi voyager dans les éblouissements de mon passé. Il y a "Carte postale" que j'ai écrit en retrouvant une carte postale postée par mon père à Saigon un certain printemps 1933. Vous trouverez plus loin la très autobiographique "Ma chanson" où je livre enfin les raisons qui m'ont poussé à chanter. Je citerai encore "Sur le fil" que j'interprète en duo avec Jackie et "Parenthése", ces troubles de l'adultère en quelques couplets chantés aussi par nous deux. Les chansons de mer ne sont pas absentes : "Troussez les toiles "et les folles escapades des Malouins et "Atlantique Pacifique"., une ode à toutes les filles des ports du monde. J'y ai même glissé une chanson sur la "Salle des profs", la seule chanson que j'ai puisé dans l'observation de mon métier.
Côté scène, toute l'équipe de "Chant libre - Kan Digor" a créé un spectacle collectif que nous avons nommé "Chal ha Dichal". Il s'agit d'un mélange de chansons, textes, images et danses autout de la Bretagne et du monde, des allers-retours entre ici et là bas. Grosse logistique et travail collectif avec des invités comme Clarisse Lavanant. Clarisse a bien compris notre démarche et s'intègre parfaitement dans les interprétations de Glenmor ou du "petit juif" de Danielle Messia.